Déambulons jusqu’à buller !

« Travailler plus, pour produire quoi ? Avec quelles ressources ? »

C’est ainsi que j’ai résumé sur une pancarte ce que m’inspire la réforme des retraites du gouvernement Macron. Une réforme qui n’est pas seulement injustifiée et injuste, mais qui nie de surcroit l’effondrement écologique et économique qui nous menace.

Parce que travailler plus longtemps, c’est produire plus, donc extraire plus de ressources, bruler plus d’énergie, rejeter plus de déchets et polluer plus…

Parce qu’en voulant nous faire travailler plus longtemps, cette réforme nie aussi les effets des pollutions et de la crise écologiques sur notre santé.

Parce que nous ne voulons pas travailler plus, mais travailler moins et mieux comme le démontre la « grande désertion », cette révolte silencieuse qui se propage et qui amène des milliers de travailleurs en quête de sens et d’éthique à démissionner pour ne plus mettre leur force de travail au service d’un projet destructeur.

Parce que cette réforme est pensée pour inciter à constituer une épargne complémentaire dans des banques ou des assurances qui ne jurent que par le profit et investissent sans vergogne dans des activités polluantes.

Parce que si l’on devait réformer le système des retraites, il faudrait le faire en diminuant la production, et que cette décroissance nécessaire passerait forcément par le partage du travail et des richesses.

Vous l’avez compris, nous avons brandi des pancartes dans les rues aux coté des millions de citoyens en colère.

La première manif, on l’a faite à Rennes. C’était le 31 janvier. On a suivi la foule, les mains vides en lisant les pancartes des autres. « Cette réforme est nulle. Ma pancarte aussi ». On était silencieux. Une Tesla a brulé. On a regardé. On est rentré.

Au bar, on a parlé avec les copains. Marre de griller du gazole jusqu’à Rennes. Bof cette manifestation. On n’était pas acteurs. Pourquoi ne pas manifester sur notre territoire ? Le collectif « Déambulateu.r.se.s 56 » est ainsi né.

Alors on s’est réuni avec les camarades de l’intersyndicale. On a tous écrit un tract. On a fabriqué des pancartes. Mobiliser les poteaux, les badauds, les réseaux. Les amis paysans ont donné des légumes. On a fait une grande soupe. On l’a servi sur la manif à prix libre. C’était le 7 février. On était plus de 1000 à marcher dans la ville d’à coté.

ploërmel, vous connaissez ? 9500 habitants, une statue de Jean-Paul II, des couvents, des écoles privées et un maire de droite qui soutenait Valérie Pécresse dont le programme portait la retraite à 65 ans.

A Ploërmel, plus de 1000 manifestants, personne n’avait jamais vu ça !

La foule était joyeuse. Les enfants devant : « La retraite à 18 ans ».

On a chanté, on a parlé, on a dansé. Puis on a remis ça : le 11 février, même combat. On a servi du café. Du café zapatiste à prix libre. Convergence des luttes de Ploërmel jusqu’au Mexique !

Pour la grève du 7 mars, j’ai rédigé ce texte :

Nous n’irons pas bosser en déambulateur

Nous déambulerons jusqu’au retrait de cette réforme injuste

Nous déambulerons tant que planeront les vautours des fonds de pension

Nous déambulerons pour éclater leur bulle financière, gonflée au casino de la profitation.

Nous déambulerons jusqu’à crever la bulle du pouvoir, qui s’assoit sur nos opinions après les élections.

Nous déambulerons jusqu’à percer la bulle médiatique des milliardaires, grands maitres de la manipulation.

Nous déambulerons jusqu’à tuer la bulle du patriarcat, qui dénigre les grands-mères, de la fiche de paie à la pension.

Nous déambulerons encore après le retrait de cette réforme injuste, Parce que nos souffles unis cracheront en force d’autres bulles, que leurs bulles odieuses gonflées à l’exploitation.

Nous déambulerons parce que nos propres bulles faites dans la joie des compagnons, s’accoleront et se renforceront.

La bulle du partage des richesses

La bulle de la solidarité intergénérationnelle

La bulle de l’égalité des chances et de l’égalité des genres

Nous déambulerons toujours parce que ces bulles, une fois lancées, chasseront les leurs qui finiront par crever.

Nous déambulerons jusqu’à buller dès la soixantaine d’années.

La publication a un commentaire

  1. nico

    Et debuler jusqu’a en faire crever la bulle de l’ignorance et de l’avidité, si l’humanité peut tenir jusque là…

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